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Carl Philipp Emanuel Bach

Sonates

Wq 65/17 (H.47) en sol mineur
Allegro
Adagio
Allegro assai
Wq 65/31 (H.121) en ut mineur
Allegro assai ma pomposo
Andantino pathetico
Allegro scherzando
Wq 62/19 (H.119) en sol majeur
Allegro assai
Andante Presto
Wq 52/4 (H.37) en fa dièse mineur
Allegro
Poco andante
Allegro assai

Wq 62/19 (H.119) en sol majeur
Allegro assai
Andante
Presto
Wq 65/32 (H.135) en la majeur
Allegro
Andante con tenerezza
Allegretto

Elena Filonova, piano

CD Extra
Bonus video 11' : making of du disque
Production : Vladimir Nesgovorov
Mastering : Marc Lipka
Vidéo : Aleksandrs Dunasovs
Livret : Thalie Amossé
Enregistré à Paris, à la Chapelle de la Fondation Eugène Napoléon, 2014

Ardens Records
ARD 2014-01

Carl Philipp Emanuel Bach

Sonates

Extrait
Sylviane Falcinelli, falcinelli.org, 9 novembre 2015
 
falcinelli

coeurs

Après un tel feu d’artifice clavecinistique, on abordait à reculons un enregistrement effectué sur un moderne Yamaha, certes 1/2 queue ce qui nous préserve de l’intrusion mastodontesque d’un grand queue de concert dans ce magasin de porcelaine ; or on est d’emblée séduit par la musicalité pleine de délicatesse avec laquelle Elena Filonova traite ces 5 Sonates s’échelonnant de 1746 à 1763. Elle sait ne jamais alourdir les attaques et, par son articulation, rendre sensible l’impact mécanique du marteau tel qu’on l’entendrait sur un Hammerflügel. Sans en faire trop, elle laisse libre cours au style d’improvisateur de Carl Philipp Emanuel et communique le sentiment (Empfindsamkeit) avec beaucoup de goût et de tact : car la clé de sa réussite tient dans un juste équilibre entre sensibilité et retenue, afin que ni l’instrument moderne, ni les techniques de toucher qu’il a généré, ne s’interposent inopportunément.
Qu’il s’agisse de ses p joliment nuancés, de sa pédalisation finement dosée, de la gestion des contrastes dynamiques, elle se glisse avec bonheur dans l’esthétique du compositeur : l’Andante pathetico (sic !) de la Sonate en do mineur en fournit un parfait exemple. Cette Sonate aligne d’ailleurs des indications de tempi suggestives : Allegro assai ma pomposo (pour le premier mouvement) et Allegro scherzando pour le final où la musicienne rend pertinemment la jovialité des gambades ainsi que les ruptures de ton significatives des mutations de l’époque (1757). L’expressivité des sautes d’humeur atteint son point culminant dans l’Allegro de la Sonate en fa dièse mineur : on croirait entendre un échange de réparties entre la virilité d’une vélocité très affirmative, et la grâce affable d’une voix féminine.
La pianiste d’origine russe joue avec esprit, et la prestesse demeure contrôlée par l’élégance (voir les mouvements extrêmes de la Sonate en sol majeur, ou le piquant du phrasé dans l’Allegro assai de la Sonate en fa dièse mineur).
L’Andante con tenerezza de la Sonate en la majeur (1758) constitue l’un des sommets du disque : ce n’est pas seulement de la tendresse qu’y fait entendre Elena Filonova, mais de la compassion – avec une infinie pudeur, une intériorité rayonnante de dignité –, telle une mère qui se pencherait sur son enfant souffrant. Elle veille à n’en point rompre le charme en entrant dans l’Allegretto, qu’elle conduit avec une égale délicatesse, mais cette fois dans l’exquise fraîcheur.
Le livret rédigé par Thalie Amossé vous dira l’essentiel sur les deux catalogues – Wotquenne et Helm – qui se disputent désormais la numérotation des œuvres du Bach de Berlin, ainsi que sur le schéma des sonates et l’esthétique de l’Empfindsamkeit.
L’excellente réalisation technique de Vladimir Nesgovorov et Marc Lipka exploite, sans entraver la précision du jeu, la réverbération naturelle captée dans l’acoustique de la Chapelle de la Fondation Eugène Napoléon. À ce propos, un bonus vidéo (d’une médiocre qualité d’image) gravé sur le CD permet d’apprécier la Chapelle, l’emplacement judicieux des micros, et (trop brièvement mais c’est instructif) l’articulation de la pianiste qui expose par ailleurs son point de vue sur le compositeur. Carl Philipp Emanuel a décidément bien de la chance, ces derniers temps.

Stéphane Friédérich, Classica, 26 juin 2015
 
Classica

  Classica étoiles
   
Telemann fut le parrain de Carl Philipp Emanuel Bach, cinquième enfant de Johann Sebastian. Au service de Frédéric Il de Prusse, il laissa un immense catalogue, notamment pour le clavier. Son écriture prend ses sources dans l'oeuvre de son père, mais aussi dans le souvenir du classicisme français et du Sturm und Drang germanique. Son écriture explore les ressources prodigieuses du pianoforte. Mais, plus encore, le musicien y importe l'art du chant et du drame lyrique, grâce à un clavier des plus expressifs dans lequel on perçoit un avant-goût du romantisme. Après plusieurs enregistrements consacrés notamment au répertoire slave (Tchaïkovski) et nordique (Grieg), Elena Filonova offre cinq très belles sonates. Elles ont, à l' évidence, transcrit l'art de l'opéra qui surgit sous les doigts de la pianiste française d'origine russe. Elle colore avec beaucoup de tempérament les atmosphères et les dialogues de la célèbre Sonate en fa dièse mineur. Tout, ici, tient lieu de conversation. chaque voix imposant son propre style. Comme chez Mozart, les complaintes et les colères, les joies et la méditation (les silences sont essentiels) se mêlent avec bonheur. Elena Filonova restitue à la fois cette intimité de personnages imaginaires, mais aussi une élégance concertante comme dans le mouvement lent de la Sonate en sol majeur. Elle emprunte le phrasé si reconnaissable des concertos de Johann Sebastian Bach. Ce disque, qui ne délaisse ni passion ni virtuosité, est une excellente introduction à l'oeuvre de Carl Philipp Emanuel Bach. Les puristes de l'interprétation baroque n'y trouveront peut-être pas leur compte, mais les pianistes en quête de répertoire et les mélomanes seront en revanche séduits.
En bonus, une vidéo très instructive du making-of de l'enregistrement.
Pierre Gervasoni, Le Monde, 1er juin 2015
Le Monde

Un Bach mais pas celui qu'on croit, une pianiste française mais avec un nom et un prénom russes, des sonates qui ne le sont que par leur titre... amateurs d'autoroutes musicales s'abstenir. Ce parcours de cinq partitions écrites au milieu du XVIIIe siècle par Carl Philip Emmanuel Bach (1714-1788) est un régal de zigzags esthétiques. Baroque, classicisme et même préromantisme semblent poindre au détour d'une même oeuvre. La pianiste doit alors jouer avec une main droite héritée de Jean-Sébastien Bach et une main gauche préfigurant Beethoven, sans compter Mozart pour tourner les pages ! Cependant, Elena Filonova ne donne jamais l'impression d'être assise entre deux tabourets. Elle a le sens du débit qui met les époques en perspective et le goût de la nuance qui donne à l'expression un poids idéal
Marc Vignal, Musikzen, 20 avril 2015
Musikzen

Agile et nuancé
Elena Filonova et « l'écriture improvisée » de C.P.E. Bach

pictoEn 1740, alors qu’à l’âge de vingt-six ans il suit à Berlin le nouveau roi de Prusse Frédéric II, de deux ans son aîné, Carl Philipp Emanuel Bach est déjà un maître de la sonate pour clavier (clavecin) seul, genre que son père Johann Sebastian n’a jamais pratiqué. Lui-même s’y adonnera sans interruption notable jusqu’à sa mort (1788), avec un total de près de cent cinquante ouvrages. Sélectionner cinq sonates relève donc de la gageure, voire du jeu de dé. De ce CD, le texte de présentation, riche en généralités, veut nous faire croire que les quelque cinquante sonates réunies dans le catalogue d’Alfred Wotquenne (1905) sous la rubrique Wq.65 furent publiées par ce dernier sous ce numéro, alors qu’il s’agit de celles restées inédites du vivant du compositeur. Wotquenne ne fit que dresser un catalogue, sans plus ! La pianiste française d’origine russe Elena Filonova offre trois sonates de ce groupe, dont celles en sol mineur Wq.65/17 (1746) et en ut mineur Wq.65/31 (1757), beaux spécimens d’écriture « improvisée ». Les sonates du groupe Wq.62 sont celles publiées du temps de Carl Philipp Emanuel isolément dans divers recueils. Celle en sol majeur Wq.62/19 (1750) exige une grande délicatesse de toucher, alors que le premier mouvement de celle en fa dièse mineur Wq.52/4, composée en 1744 et parue en 1763 au sein d’un recueil de six, frappe par ses contrastes rythmiques. Celle en la majeur Wq.65/32 est la révision d’une sonate pour orgue de 1758. Par son jeu agile et nuancé, Elena Filonova se situe dans la descendance, mais avec moins de fluidité, de son « compatriote » Mikhail Pletnev, qui en 1998 fit sensation dans ce répertoire.

Frédéric, Fnac, 26 février 2015

Fnac

Elena Filonova est une pianiste d'origine russe, installée en France depuis 1990. Formée principalement au conservatoire Tchaikovsy de Moscou, elle eut pour professeur Emil Gilels ou Evgeni Malinine et se produisit très tôt sur scène sous la baguette de chefs prestigieux comme Kirill Kondrachine ou Evgeny Mravinsky. Elle poursuit maintenant une carrière internationale depuis la France, mais elle est aussi pédagogue et transmet à ses élèves l'enseignement de ses maitres : outre la technique instrumentale, un grand travail sur l'imagination. Concertiste, pédagogue, Elena Filonova est également la directrice artistique du Festival Harmonies d’Automne, qu’elle a créé en 2010. Organisé chaque année courant octobre, ce festival a lieu dans la Chapelle de la Fondation Louis Napoléon dans le 12e arrondissement de Paris. Isolée du tumulte de la rue par un agréable jardin, la chapelle résonne pendant 10 jours de musique de chambre, classique, contemporaine, principalement française et russe. Mais Elena Filonova vient aussi de créer son propre label, Ardens Records dont la naissance est aujourd’hui célébrée par un premier album de sonates de Carl Philipp Emanuel Bach, enregistré dans cette même Chapelle (que vous pouvez découvrir grâce à une vidéo du making of incluse dans le CD).
Carl Philipp Emanuel Bach, troisième fils du cantor admiré de Haydn et de Beethoven, fit une grande partie de sa carrière à Berlin, au service de Frederic II de Prusse, avant de devenir directeur de la musique à Hambourg. Mais c’est surtout à Berlin qu’il compose ses oeuvres les plus importantes, dont un grand nombre de pièces pour clavier (clavecin, puis clavicorde et piano forte). Elena Filonova a d’ailleurs fait le choix de cinq sonates composées durant cette période berlinoise. Elles constituent pour la pianiste cinq étapes représentatives de l'évolution créative de CPE Bach, musicien charnière entre le baroque et le classique et qui a su mettre à profit l’héritage de son célèbre père tout ouvrant la voie sur d’autres horizons musicaux. Un processus très bien expliqué dans le livret par un texte de la musicologue Thalie Amossé.
Certains puristes regretteront peut-être l’emploi du piano pour des sonates destinées au clavecin. Je dois reconnaitre que cela m’a un peu gênée dans la première pièce, la plus baroque, dont les traits et les ornements sont typiques de l’écriture pour clavecin. Mais n’oublions pas que nous sommes dans une période de transition et que CPE Bach a aussi joué sur clavicorde et pianoforte. Le nouveau langage développé dans les quatre sonates suivantes s’adapte beaucoup mieux au piano. Guidée par l'Essai sur la véritable manière de jouer les instruments à clavier que CPE Bach a publié à Berlin, Elena Filonova nous fait pleinement percevoir la transformation d’un style qui rappelle Bach père dans la première sonate (Wq 65/17) et s’émancipe vers un style où l’expression prend de plus en plus d’importance dans les quatre sonates suivantes. L’ornementation se simplifie et la mélodie prend beaucoup plus d’importance. Au passage, la pianiste applique avec bonheur quelques-unes des recommandations du compositeur, qui font depuis longtemps partie de son propre jeu et de son enseignement :
"Jouer le plus chantant possible "
"C’est avec les fantaisies de sa propre imagination que l’interprète est le plus à même de dominer les émotions des auditeurs".
Le chant est là, l’émotion et l'imagination aussi, dans ce parcours très bien construit qui met en lumière tout le génie de ce troisième fils de Jean Sébastien Bach et toute son importance dans l’histoire de la musique.
Découvrez ici le making of…

Jean-Luc Caron, ResMusica, 7 février 2015

  ResMusica
   
Clé ResMusica

Excellent rendu des Sonates pour clavier de C.P.E. Bach par Elena Filonova

L’enregistrement des sonates pour clavier du second fils de l’unique Jean-Sébastien, sous les doigts habiles et précis d’Elena Filonova, offre une belle occasion, à saisir, de coupler utilement biographie et exécution musicale.
Avancer que Carl Philipp Emanuel se positionne comme le meilleur compositeur de sa génération, même s’il faut se méfier des superlatifs, apparaîtra moins aventureux à l’écoute de cet enregistrement de tout premier plan qui en même temps nous permettra de constater le rôle de lien premier du « Bach de Berlin et de Hambourg » dans le progressif mais indéniable passage du style baroque de son illustre géniteur vers le style classique naissant de Haydn et Mozart. Sa manière parfaitement intégrée à son héritage s’en libère toutefois – encore avec discrétion – annonçant non seulement des ébauches d’élans romantiques, encore embryonnaires certes, mais surtout cette volonté affichée d’enrichir sa musique d’une touche presque inédite de mélancolie s’inscrivant dans cette tendance redevable de l’Empfindsamkrit, autrement dit d’un « âge de la sensibilité ». Ces évolutions sont parfaitement perceptibles dans le jeu de la pianiste tout au long des cinq sonates retenues (sur un total d’environ 150 !).
Pianiste française de naissance russe, où elle commence le piano dès l’âge de 3 ans, Elena Filonova endosse le rôle de concertiste à 12 ans, gagnant de grands prix, jouant avec des maîtres confirmés, recueillant l’enseignement de prestigieuses personnalités (Emil Guilels, Pavel Messner, Evgueni Malinine…) et se lançant dans une carrière internationale brillante autant que dynamique. Les Sonates obéissant à la structure tripartite rapide-lent-rapide sont abordées sans exubérance ni assoupissement, avec virtuosité certes mais sans soucis de démonstration technique pure, avec une grande recherche de sonorités colorées sans pour autant flirter d’un peu trop près avec le préromantisme en gestation, notamment dans les mouvements notés andante ou adagio. Filonova affiche un réel talent soutenu par une technique phénoménale, un sens du discours et de la pulsation rythmique, grâce aussi à un toucher pétillant, aérien, détaillé, légèrement desservi par une prise de son non optimale.

> Version en ligne

Frédéric Menu, L'Est républicain, 31 janvier 2015
L'Est républicain

Elena Filonova, la pêche !

Cinq sonates et un label
Depuis 2010, professionnels et amateurs de musique vivent de bien jolis moments grâce au festival « Harmonies d'automne » (octobre) créé à Paris par la pianiste franco-russe Elena Filonova. Elle en est la directrice artistique. Son bel enthousiasme l’a conduite aujourd'hui à fonder son propre label discographique, Ardens Records. Et à retrouver le chemin des micros pour un enregistrement de cinq sonates de Carl Philipp Emanuel Bach, dont on célébrait en 2014 le tricentenaire de la naissance à Weimar…
Elena en… maître de chapelle
Le Bach de Berlin et de Hambourg (deuxième fils de... son père) a inspiré cette ancienne élève d'Emil Gilels (quand on était à Moscou, pourquoi se priver ?!) et d'emblée, la nouvelle marque de disques prend son essor de façon sympathique.
Le jeu d’Elena Filonova est limpide, sans fioritures inutiles. Et le piano Yamaha choisi sonne bien dans la chapelle de la Fondation Eugène Napoléon du XIIe arrondissement parisien. Au passage, signalons que le lieu (rue du Faubourg Saint-Antoine) mérite un détour avec ses fresques et ses plafonds. La chapelle accueille d'ailleurs de nombreux concerts des Harmonies d'Automne. Elena y règne... en maître !

 
 

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